mercredi 13 juin 2012

L'écume des jours de Boris Vian


C’était extrêmement intéressant de voir des avis très divergents selon les thèmes abordés. 
Concernant l’Ecume des jours de Boris Vian, de mon point de vue, Chloé et Colin ne s’aiment pas vraiment, en tout cas, je n’ai pas été touchée par leur histoire d’amour. Colin a certes du travailler pour aider Chloé à guérir, mais leur relation me fait penser aux relations d’antan… quand les gens se mariaient parce qu’il fallait se marier, au temps des mariages arrangés, …  Colin cherchait une femme, il est tombé sur Chloé et ils se sont vite mariés. A aucun moment on ne parle de leur relation. Certaines ont parlé d’une grande histoire d’amour, or pour moi, une histoire d’amour, c’est le partage. C’est la complicité. C’est comprendre l’autre et l’aider. Chloé pense-t-elle à Colin ? Certes, comme l'a dit Mathilde à l’époque les relations homme-femme ne sont pas les mêmes qu’aujourd’hui. Peut-on dès lors dire que toutes les relations d'amour se réduisaient à la relation superficielle qu'entretiennent Colin et Chloé?  Dans les années 40 on s'aimait ainsi et pas autrement? 
Comment sont décrites les femmes finalement dans ce roman? Qu'est-ce qui les caractérisent? Il y a cette idée que la femme ne pense qu’à sortir et à s’habiller. Idée qui est toujours d’actualité. Les médias et les publicités propagent et profitent de cette vision superficielle et consommatrice des femmes. Est-ce la vision qu’a Boris Vian des femmes ? Serait-il misogyne? Question très pertinente que pose Anne-Claude. Ça me rappelle ce que dit Moussa Nabati (auteur du livre "Bonheur d'être soi"), sur notre partie "infantile" qui est à l’origine d’attitudes qu’on appelle parfois des attitudes puériles. Et bien ces femmes dans L’écume des jours, ce sont des femmes adultes mais avec des comportements de petites filles.
N'oublions pas Alise, une femme qui est presqu'une héroïne, puisqu'elle va se sacrifier pour sauver son bien-aimé d’une addiction. Elle aurait pu se dire que cet homme a une maladie, qu’elle l’a aidé du mieux qu’elle pouvait, qu’il n’a pas compris et elle aurait pu décider de rompre et de passer à autre chose. Mais non, et cette attitude ne me semble pas saine, comme celle de Colin qui va travailler jusqu’à perdre tout son capital pour sauver Chloé de la maladie. 
Ces attitudes qui semblent héroïques pour Christine et d'autres lectrices, moi me semblent révélatrices d’un mal-être chez ces individus. Se détruire pour l’autre dans le cas d’Alise, et conditionner sa vie à la vie de sa bien-aimée me laissent perplexes. Je ne trouve pas tout à fait les mots pour l’expliquer, mais j’ai l’impression que ces personnages ne vivent pas pour elles-mêmes, elles vivent par procuration à travers la vie de ceux qu’ils disent aimer. Je ne remets pas en cause le fait que Colin travaille d’arrache-pied pour aider sa bien-aimée,  mais l’aime-t-il réellement ? Il cherchait une femme et c’est tombé sur Chloé. De mon point de vue, il a aimé l’idée d’aimer une femme. Mais il n’aimait pas cette femme pour ce qu’elle était mais pour ce qu’elle représentait peut-être. On a aussi dit qu’il était très généreux, même trop, je pense encore une fois, qu’il n’aidait pas réellement son ami. Le conforter dans son addiction en lui finançant les livres de Jean-Sol Partre ne me semble pas très ingénieux. Et lui payer son mariage, alors que Chick ne lui avait rien demandé. Je pense que Colin se sent bien quand il aide son ami Chick. Il se sent aimé et apprécié. Il a une meilleure image de lui-même. Et là je vais un peu loin dans l’analyse psychologique des protagonistes, mais je pense que Colin  ne s’aimait pas lui-même. 
Et je terminerai mon point de vue sur Colin en disant que la question de prouver son amour n’est pas une vraie question. Pour moi, l’amour ça ne se prouve pas… prouver son amour en se sacrifiant n’est pas une preuve d’amour. On n’a pas à choisir entre soi et celui qu’on aime. C’est comme demander à un enfant de choisir entre sa mère et son père . 

Banu

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